dimanche 6 février 2011

Moubarak doit partir

Un point de non retour a été atteint en Egypte. J'espère vivement qu'il ne se transformera pas en impasse.

Ce point de non retour se ressent de plus en plus dans nos conversations avec les Anonymous d'Egypte.
Cet état de fait est très claire : si la contestation s'essouffle, les manifestants seront arrêtés, torturés et pour certain, mis à mort.




Il n'y a donc plus aucune possibilité de retourner en arrière. Chaque camp reste sur ses positions, sachant que le premier qui lâchera verra sa fin.

Je suis allé en Egypte en 2008, c'est une époque à laquelle, déjà, je me plaignais de Sarkozy et de voir des flics partout. Mais j'ai pu découvrir la VRAIE dictature.
Une dictature qui s'assume, avec un agent de police à chaque coin de rue, avec la nécessité de déclarer ses déplacements aux autorités, sans liberté de presse...

J'ai eu l'occasion de traverser une partie de ce pays, en partant de Port Saïd, jusqu'au Caire. ; en voiture Les luxueuses écoles étrangères qui se dressent dans le désert contrastent avec les quartiers pourris de la périphérie du Caire.




Il y a aussi d'immenses zones de désert interdites au public, des zones militaires. De ces zones, allaient et venaient des camions bâchés de l'Armée, dont nos guides nous avouaient à demi mots qu'ils étaient plein à craquer de prisonniers politiques, en direction de camps de détention.

C'était mon second contact avec un état totalitaire. Ce qui m'a le plus choqué, au delà de la pauvreté ambiante, c'était l'omniprésente photo du Président. Appliquée sur chaque surface plane assez grande pour être vue. Hallucinant.

Ce Président, qui laisse tous les pays occidentaux interroger leurs terroristes sur son sol, en échange de quelques arrangements, semble maintenant en fin de règne.

Les colorations capillaires n'y font rien, je crois vraiment que c'est la fin pour lui. Même les Etats-Unis ne le soutiennent plus. 




Il semble que nos femmes et hommes politiques n'ont pas envie de se voir envoyer à la figure les mêmes erreurs que MAM. Les politiques ont compris que défendre les peuples, révoltés c'est plutôt électoraliste, surtout quand les peuples renversent les ex-sympathiques dictateurs.

Ridicule. Pitoyable.
Jusqu'à début janvier, nous vendions du matériel anti-émeute à Ben Ali. Depuis mi janvier, nous avons gelé ses avoirs et promettons d'honorer les mandats d'arrêts internationaux contre Ben Ali et ses proches.
Jusqu'à ce matin, nous vendions des armes à l'Egypte... Navrant.
Ces F-16 qui volent à basse altitude au dessus des plus grandes villes égyptiennes, ne sont pas de fabrication locale il me semble.

Comme le dit ma mère : "on ne prête qu'aux riches". On ne vend qu'aux dictateurs qui savent se maintenir, au delà, ils deviennent d'odieux criminels.
On m'a récemment dit à mon boulot que l'hypocrisie payait plus que la franchise.  Je le constate et le déplore, nos politiques le comprennent et le pratiquent.




L'occident a commis l'erreur de penser que la seule réponse à l'islamisme était de soutenir les dictatures laïques dans les pays arabes.
Mais visiblement, ça n'a pas marché... Le Président algérien prend les devant et annonce la démocratisation de la presse. Visiblement, il flippe un peu, peut être qu'il a peur d'être la prochaine victime du domino day des dictateurs du moyen orient.

Revenons à cette peur de l'islamisme. Nous avons oublié de nous poser une question. Et si les pays arabes avaient envie d'être gouvernés par des religieux ?
Peut être que ces peuples ne désirent pas réaliser de démocraties à la française, avec une séparation de l'Eglise et de l'Etat.

J'en reste convaincu, il existe d'autres formes de démocratie que la notre ; tant qu'elles restent démocratiques.
Devons-nous, encore une fois, nous ingérer dans leurs histoires de politique interne ?

Non.



Nous devons les aider à renverser les dictateurs, sans arrières pensées, sans interférer dans la peur que les "islamistes ne prennent le pouvoir".

Si les urnes parlent en faveur des frères musulmans, en faveur de partis d'intégristes, ... Ce sera le choix du peuple, et nous ne devrons que nous incliner devant ce choix, en faisant attention que ces intégristes ne transforment pas leurs pays en dictatures.

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