mercredi 19 janvier 2011

Modeste rétrospective sur la Révolution tunisienne

OUF ! Je ne serai pas interdit de vacances en Tunisie pour tout le reste de ma vie !

Faut dire qu'on a eu chaud. Ça faisait trois semaines que je j'enquillais des heures et des heures de chat IRC avec Anonymous.
On avait trouvé tous les jeux de mots sur Ben Ali (le meilleur restant de loin "Ben Alien"), on avait trouvé toutes les raisons de libérer la Tunisie du totalitarisme et de la censure (la meilleure étant le besoin de certain membres tunisiens d'Anonymous d'aller mater du porno sur Internet), et SURTOUT, on a dû remplir les bureaux, virtuels ou non, de nos amis de la police d'Internet tunisiens.

Il y a eu des moments réellement poignant, comme lorsque certain membres d'Anonymous en Tunisie, rentraient chez eux après les manifestations en nous disant que leurs cousins venaient de se faire tirer dessus.


 

Donc, autant vous dire que jusqu'à vendredi, l'hôtel-club 4 étoiles à Tunis, avec la copine cet été... C'était relativement compromis ! Notamment dans le cadre de l'obtention d'un visa. Quoique s'ils m'avaient accordé le visa, c'était surement pour me récupérer à l'aéroport ; et me flanquer direct en prison.

Ce n'est certainement pas le gouvernement français qui serait venu me chercher dans les horribles geoles tunisiennes. Quand on voit que MAM proposait même d'envoyer des flics pour aider l'ami Ben Ali à massacrer la population locale... Cela dit, tirer dans la foule, ça n'aurait pas beaucoup changé le quotidien de nos policiers, qui se lachent régulièrement dans nos cités, bien françaises, et bien républicaines.
Je vous le dis : vous ne m'auriez pas revu, j'aurai fini mes jours dans une taule tunisienne.




J'aurai fait partit de cette espèce très spéciale de français expatriés : les "français retenus à travers le monde". Les médias en parlent dès fois quand ils évoquent nos otages, en fin de journal. C'est aussi une des expressions préférées du journaliste qui marche tout le temps : Bernard De La Villardière ; dans sa grande émission journalistique, pas du tout racoleuse : Enquête Exclusive.

Bref, on a réussi ! Plus précisément, ils ont réussi. Même si c'était très dur pour moi de mettre en jeu mes vacances à Tunis cet été, ça a quand même dû être une autre paire de manche pour aller affronter la police tunisienne.




J'écrivais dans l'un de mes précédents billets, sur le rôle d'Internet dans ce type de Révolution, ces "nouvelles Révolutions".

J'ai commis une erreur, un oubli. J'ai sacralisé Internet, en oubliant la composante essentielle d'une Révolution : le peuple, et sa détermination à prendre en main l'avenir de son pays.
Beaucoup d'entre nous ont mis Internet au centre de la Révolution tunisienne, nous avions tort.

J'entendais parler ce matin sur Europe 1 un journaliste qui défendait cette thèse erronée.
Laissez moi vous expliquer à quel point ce journaliste se trompait.
Internet n'a fait que jouer son rôle : il est le même partout, permettre la communication entre les hommes.




Dans ces manifestations, je n'ai pas vu d'Internet, je n'ai pas vu de serveurs, ni de routeurs, ni de modem, ni de liaison ADSL, non. Je n'y ai vu que des tunisiens.
Ce sont eux qui allaient manifester pour se faire tirer dessus. Ce sont eux qui ont mis suffisamment de pression pour virer leur dictateur.

Ce sont eux qui ont fait la Révolution.

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